TVA sociale : impôt de l'avenir ?
Alors que le débat fait rage sur la possible suppression du bouclier fiscal. L'Atelier a décidé de s'immiscer de manière plus large dans la machine à gaz de la fiscalité française et d'étudier l'éventualité de la création d'une TVA sociale.
Interrogé le 18 Avril dernier lors du Grand Jury sur le système fiscal français, Jean Pierre Raffarin s'est prononcé pour la création de cette dernière dans le but d'alléger les charges patronales et de rendre plus compétitive la France à l'échelle internationale.
En quoi consisterait une telle mesure? N'entrainerait-elle pas une hausse de l'inflation et une baisse du pouvoir d'achat? Voilà autant d'interrogations légitimes auxquelles les récentes initiatives de nos partenaires européens vont nous permettre en partie de répondre.
Qu'est ce que la TVA sociale?
LA TVA sociale correspond à une extension de la TVA sur les produits importés (taxe sur la valeur ajoutée) dans le but de financer une partie des cotisations sociales d'un pays. Souvent mise en place dans le but de transférer le poids d'un impôt du secteur productif vers celui de la consommation, elle permet de soulager les entreprises de charges trop élevées et de rendre plus compétitive l'industrie nationale sur le marché intérieur. Elle repose sur l'idée que les délocalisations vers les pays émergents se font principalement du fait du cout de l'emploi et pas de la productivité horaire de la masse salariale.
La situation française apparaît particulièrement propice à la mise en place d'un tel outil fiscal. Nous cotisons ainsi en moyenne 2 fois plus que les finlandais pour notre sécurité sociale, tandis que les cotisations des employeurs français sont les plus élevées des pays de l'OCDE. La part totale des cotisations sociales atteint les 16,3% du PIB en France, faisant du pays l'un des plus imposés dans ce domaine.
Pour soulager les entreprises en période de crise et rendre les montants entre salaires bruts et salaires net de plus en plus proche la TVA sociale semble être une opportunité intéressante à creuser.
La TVA sociale se présente comme un outil fiscal compétitif pour garantir la redistribution des richesses et la competitivité de la France sur l'échelle internationale.
Des critiques peuvent bien sur être émises à l'égard d'un tel modèle. Qui dit que les entreprises, ne vont pas profiter de cette suppression d'impôts pour augmenter leurs profits sans les répercuter sur les salaires? Qui dit que la TVA sociale ne va pas se traduire au final par une augmentation générale de l'inflation sur le prix des produits nationaux s'indexant sur celui des internationaux? Le cas du Danemark à la fin des années 80 et celui de l'Allemagne plus récemment nous apportent des pistes de réponse.
Au Danemark, la plupart des études décrivent la mesure comme positive, même si celle-ci peut être relativisée au regard de la bonne conjoncture européenne de cette période. La TVA sociale mise en place par Angela Merkel en 2007 s'inscrit dans la même perspective, vu qu'elle n'a pas entrainée d'inflation majeure et que l'Allemagne a gagné en compétitivité en mettant en place une sorte de dévaluation compétitive.
A l'heure où notre système social souffre de la lourde dette française, la TVA sociale se présente comme un outil fiscal compétitif pour garantir la redistribution des richesses et la compétitivité de la France sur l'échelle internationale. Au politique de se saisir du débat, de l'approfondir et de prendre des décisions.
Baptiste Gachet